• Datation du document présenté: 1641-1643
  • Tradition: France.- Archives municipales de Besançon : BB76.- Registre in-folio ; 478 feuillets ; papier vergé ; filigrane ; raisin accosté des initiales A, B. Reliure en peau chamoisée verte.- 1639,12 juin.- 1642, 12 juin.
    France.- Archives municipales de Besançon : BB77.- Registre in-folio ; 309 feuillets ; papier vergé ; filigrane ; raisin accosté des initiales A. B. Reliure en peau chamoisée verte.- 1642, 24 juin.- 1644, 23 juin.
    France.- Bibliothèque municipale de Besançon : Ms. Chiflet 12.- Reliure carton, couvert de parchemin ; papier ; II-283 feuillets ; 310 × 200 mm.- XVIe-XVIIe siècle.- Plus particulièrement f° 155-156.
  • Abstract: Cet article présente et annote les différents récits concernant le meurtre d'une personnalité élue de la cité impériale de Besançon, par un commis de l'archevêque bisontin, en 1641.

Table des matières

 

Bibliothèque municipale de Besançon - Manuscrit Chiflet 12
Bibliothèque municipale de Besançon - Manuscrit Chiflet 12
(© Bibliothèque municipale de Besançon)
  1. Présentation
    1. Contexte de l'affaire Desprelz - Varin
    2. Notes
  2. Documents source
    1. Récit des Délibérations municipales de Besançon
    2. Récit du manuscrit Chiflet 12

 


 

Contexte de l'affaire Desprelz - Varin

 

Dans une chronique du XVIIIe siècle, faisant "Etat de ce qui s’est passé à Besançon depuis 1612"[i], l'on peut lire le fait divers suivant pour l'année 1641:

« Le 22 octobre, un nommé Petitjean, serviteur de Monseigneur l’archevêque, étant à Bregille, faisait dîmer la vendange du docteur Jean Varin, qui avoit été plusieurs fois président des 28 ; ne voulant pas permettre qu’on lui prenne autant de vendange que Petitjean en vouloit, donna un coup de pied audit Petitjean, lequel entra dans une maison où il prit une arquebuse qu’il délâcha contre ledit sieur Jean Varin, qui en eut le bras percé, et mourut une demi-heure apres. Petitjean fut pris et condamné à être pendu où il avoit fait le mal, ce qui fut exécuté quatre jours après qu’il eut donné le coup ; et comme on voulut le mettre dans la fosse au cimetière, il remua ; on le porta ensuite à l’église où il donna des signes de vie ; il demeura tout le jour suivant sans lui donner aucun aliment, ayant été ainsy ordonné, Messieurs luy donnèrent grâce ; il fut porté à Beure par les domestiques de Monseigneur l’archevêque ; étant guéri, il s’en alla en Italie ».

On retrouve la relation de ce fait divers dans deux sources historiques d'époque, avec des divergences assez importantes entre elles :

  • dans les registres des délibérations municipales de Besançon pour les années 1641 et 1643[ii]: jour après jour, heure après heure même, ce registre retrace les différents moments de l’affaire Desprelz-Varin, de l’assassinat de Jean Varin (il faut remonter au 5 janvier de la même année pour que Jean-Baptiste Desprelz se fasse déjà remarquer par l’administration municipale) à l’exécution ratée et à l’exil de Jean-Baptiste Desprelz. Cette version manifeste l’animosité des représentants de la cité impériale de Besançon pour la mainmise judiciaire de l’archevêque bisontin, Claude III d’Achey (archevêque de 1637 à 1654) sur une partie des droits de la cité ;
  • dans un manuscrit de la Collection Chiflet[iii]: tout différent est le commentaire écrit par son auteur (non identifié, et qui nomme l'archevêque « mondit seigneur ») qui, d’emblée, défend la position de l’archevêque bisontin, puis plaide en faveur de l’ « estaffier » Jean-Baptiste Desprelz.

Ce fait divers se déroule dans un contexte difficile au niveau local et régional (Guerre de Dix Ans provoquant de nombreux épisodes de famine) et européen (guerre de Trente Ans), sur fonds de discordances au sein même des élus de la cité impériale de Besançon (Vingt-Huit contre Gouverneurs), de conflit sur le plan judiciaire entre les prérogatives voulues par l'archevêque de Besançon sur les instances judiciaires présentes sur le territoire de Besançon[iv], et celles du gouvernement de la cité impériale.

 


Notes

 

[i] Cette chronique, qui couvre la période 1612-1721 avec des lacunes (dont 1668-1713), écrite au XVIIIe siècle par un inconnu a été transcrite dans : Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté [publiés par l’Académie de Besançon. Besançon : Imprimerie Paul Jacquin, 1900.- IX, viii-574 p].

[ii] France.- Archives municipales de Besançon : BB76 et BB77.

[iii] France.- Bibliothèque Municipale de Besançon.- Manuscrit Chiflet 12.

[iv] Sur le territoire de la cité de Besançon, il y a alors trois juridictions séculières, par ordre d'importance : la Mairie, la Vicomté et la Régalie (cette dernière étant également Cour d'appel). Dès le milieu du XIe siècle, ces trois tribunaux constituent des droits très importants donnés à l'archevêque de Besançon par Henri III (1017-1056). Au XVIIe siècle, la Régalie est disputée entre l'archevêque bisontin et le gouvernement de la cité impériale.