📜 Le Régime de Santé par Guy Parat (vers 1459)
Le tiers chapitre declare comment, aulcuneffoiz, il est besoing a une personne maigre se povoir engressier.
Desmesuree maigresse puet empescher la santé. Si, est bon de savoir comment l’en y pourra pourveoir. Et pour ce faire, il fault premier considerer dont elle vient et procede. Et nous trouvons qu’elle naist aucuneffoiz de desordonnee secheresse, de la complexion meslee avec grant chaleur des membres, par laquelle le nourrissement de la tierce digestion est consummé et aneanti avant qu’il puisse estre converty en la substance de la personne. Aucuneffoiz aussy, vient ceste secheresse de la foiblesse des membres en vertu astractive, par quoy ilz ne pevent aucuneffoiz actraire le nourrissement ou [1]
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ja soyt ce qu’ilz le attraient. Et pour tant, les membres se extenuent et aneantissent, et tout le corps se amaygrist.
Lors doncques que la personne devient naturellement extenuee, pert challeur, char et gresse, l’en doit user de viandes engendrans moisteur et challeur et fort consumant, car a donc viandes moins chaudes vaudroient mieulx. Quant la personne doncques est ainsy desmesurement maigre, elle doit user, avec ce que dit est, de viandes fort nourrissans et aisees a digerer, desquelles sera faitte cy-apres mencion. Et doit l’en conforter les membres de la tierce digestion et tellement les disposer et preparer qu’ilz puissent legierement actraire, digerer et convertir le nourrissement. Et si doyt -on user des choses empeschans et resistans a secheresse et resolucion, memement quant grant et forte resolucion est cause de ceste maigresse. Et a ce, puet l’en bien cognoistre par la disposicion et habitude du corps, par ce aussy que l’en voye la personne non avoir gueres de superfluitez, et par aultres semblables signes. Qui doncques desire soy engressir, il est convenable qui se abstienne de choses sallees, agues, sures et fort poignans, se il ne vouloit touttefoiz user en tres petite quantité pour assavourer sa viande, pour refforcer aussy et aguisser son appetit.
Il est donc bon cuillir gresse, de user des choses qui s’ensuivent. C’est assavoir de amandes doulces, d’une semence appellee fistia, de grains de pin, de grappes de raisin bien meures et qui aient esté longuement sur la vigne ou pendues en chambre, d’avelines, de fennes, poulletz qui n’aient pas esté avec le coq, de pigeons gras et commençans a voller. Item des oeufz moletz, de forment cuit ou de farine en maniere de potage seroit bon qui se mangeast, ou avec vin doulx. Item est bon de user
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de ris, de feves, frasees, de lait, de formaige frais et gras, de vin bon. Au sourplus vin doulz nouveau, rassis et bien purifié et purgié de sa lie, est une des choses qui plus engresse, mais que on ne prengne en quantité raysonnable et deue, en proporcion de la viande. Ceulx aussy qui veullent devenir gras, se doyvent souvent esbatre joyeusement et estre communement en plaisant et joyeuse compaignie. Et si ne se doyvent gueres faire s’aigri ne prendre relaxatores purgatives. Et, ja soit ce que les anciens phisiciens aient loué et recommandé le baigner en eaue tiede et doulce apres mangier, lorsque la tierce digestion est faicte et complete, touttefoiz il n’est mie maintenant fort en coustume et si ne vouldroie aussi conseiller pour le desordonné regime, que communement au jour d’uy les gens tiennent, car je doubteroye que, de ce, s’engendrassent fievres pourries. Celuy aussy qui desire estre gras, ne se doit guerres couroucer ou troubler, ne ne doyt aussi nullement prendre soing ne soucy et doit pou travaillier et non fort, et excessivement soy excercicer pour estre aussy en compaignie de femme. Item excercice moderé et soy faire doulcement et amesurement froter, fait devenir gras. Et generallement toutes choses doulces engendrent gresse.
S’ensuyt une medecine esprouvee pour engressir. Prenez avelaines, semences de violletes blanches, amandes doulces et pellees, pers grains dont l’en fait formentine; et toutes choses soient oinctes de beurre de vache qui soit frais et bien nect et soient desmeslees avecques du succre en maniere de lettuaire. Et de ceste medecine, prengne l’en a jeun du matin et du soir, une ou deux cuillerees. Et apres, l’en boyve ung petit du vin doulx.
Et ce tant pou souffise a present pour savoir
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comment ceulx qui sont trop maigres se pourroient engresser.
Notes
[1] Au bas du fol. 8 v° : « ja soit ce », fait la transition avec le folio suivant.