📜 Le Régime de Santé par Guy Parat (vers 1459)
Le septiesme chapitre traicte de la conservation et garde du conduyt par ou passe la viande et du buseau du poulmon par ou passe l’a[la]ine.
Reste a present parler de la santé du buseau du poulmon, qui est la voye de l’alaine, et du conduyt de la viande, que les phisiciens appellent meri, et est une voye par laquelle la viande descend en l’estommac, et est situé derriere le buseau du poulmon.
Pour conserver doncques et garder en santé ces deux membres, il est bon de boire de l’eaue de gelines grasses ou de char d’aigneau ou d’un beau jeune, qui soient cuictes [1]
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avec quelque chose bien doulce comme est le boys de regalice. Seroit bon aussy qu’en ceste eaue, on eust bouilly ung bouillon ou deux des bous de chous. A ce aussy ser boire vin doulx et mangier lait de dades, de miel. Item il est bon en ce cas de user de la pouldre faitte de arondeles brullees et de grains de pins.
Ceulx qui ont dangier en ces membres, se doyvent garder de ronger les os de poussins et perdrix et de poyssons a escaille et se doyvent abstenir de user de grosses chars et de toutes choses salles ou seures, car toutes ces besoignes blecent les membres susditz. Et si aucun a la vue fort moiste et trop pendant, laquelle vue est une petite peau soubz la langue couvrant la voye de l’alaine quant on mangue, se aucun, diz-je, a ces accidens, il se doit garder de vomir et doit gargariser le vin aigre avec dyamoron, qui est une confection faitte de mores. Ad ce, vault moult l’erbe de chiebront comme dit Plimus. Item est bon, comme dit Gallien, de lier sa gorge d’un fil dont l’en auroit estranglé une vipere. Touteffoiz, l’en treuve grant diversité es ditz de celuy Gallien touchant ses filz, au traicté des Simples Medecines, au chapitre ou il traicte de l’erbe de pionne. Et appert illec que la translation du livre de Gallien faicte en grec n’accorde point a celle qui est faicte en arabic. Item ceulx qui ont ses dessusditz membres foibles, se doyvent garder de boire eaue froyde, car par ce, l’en pourroit encourré l’espasine de mery, c’est a dire que par ceste eaue, se pourroit recourser et retraire la voye et le conduit de la viande qui s’appelle mery, comme est dit devant. Et de ceste retrajeur et acoursement, se pourroit enfuyr la mort, par faulte de povoir attraire la viande. Et par ceste maniere, Gallien tua ung pacient, malade
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d’une chaulde fievre appellee canso, car celuy pacient avoit ce conduit nommé meri foyble et Gallien, non prevoiant ceste foiblesse, lui bailla a boire de l’eaue froide.
Notes
[1] Au bas du f°. 16v° : « avec », fait la transition avec le folio suivant.