• Datation du document présenté: Vers 1459
  • Tradition: France - bibliothèque municipale de Besançon
    Copie en français
    Manuscrit 1371
    Vélin.- Reliure en carton (13 cahiers de 8 feuilles reliés par 6 cordelettes tressées).- 275 mm x 210 mm.- 101 feuillets.- Vers 1459
  • Abstract: Troisième Traité - "Le cinquiesme capitre [sic] traicte des purgations et vuidemens"

📜 Le Régime de Santé par Guy Parat (vers 1459)

 

Le cinquiesme capitre [sic] traicte des purgations et vuidemens.

 

Puis que l’en a dessus assez parlé de replexion et des choses servans a soy emplir comme des viandes et du mangier, nous traicterons a present de la maniere de soy purger et nettoier, par bouter dehors les superfluitez. Nous devons donques noter ce que Avicenne dit parlant des gens eages et anciens, c’est assavoir que lascher le ventre est tres convenable et fait de grans biens, et generallement toutes gens doyvent estre moult songneux de povoir tousjours avoir bonne chambre, car en chascune digestion il demeure tousjours quelque pou des superfluitez pour la-

 


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-quelle vuideur et purgacion, nature se employe du tout son povoir, comme dit Gallien et Avicenne, lequelz mettent quatre digestions. La premiere se fait en l’estomac et la superfluité qui em vient se purge par les intestinez et boyaulx quant l’en va en chambre. La seconde digestion se fait au foye et la superfluité qui en procede, se purge par l’urine. La tierce se fait es veines, et la superfluité de ceste, se purge par sueur. La quarte est faicte aux membres et par les conduis et membres de de [sic] dehors, se purgent ses superfluitez, comme par la bouche l’en racle; par les narines l’en mouche; et les yeulx portent les chassies; et par les aureilles yssent aucunes superfluitez et ordures; item par le membre secret ist la semence, qui est la superfluité de la quarte digestion, comme dit Avicenne et comme nous avons dessus desclairé : il est aucuneffoiz neccessaire pour soy maintenir en santé, que ceste matere seminal soit vuidee et purgee en aucunes gens.

Et toutes ces evacuacions et vuidemens dont dessus on a parlé, nature fait aucuneffoiz de soy-mesmes digestion, selon ce qui est expediant et convenable. Et ce, fait -elle aucuneffoiz insensiblement et sans ce qu’on s’en appercoyve, c’est assavoir par les subtilz pertuys qui sont par tout le corps nu, par la resolucion des vapeurs ou par une sueur si petite que a peine s’en appercoit-on. Et toutes ces manieres de evacuacions sont mises d’Avicenne, lequel, ad ce que dit est, adjouste que l’evacuation que nature fait, n’est pas plaine ne suffisante, ains demeurent et resident plusieurs superfluitez qui fault vuider par l’indrustrie [sic] ou science de medecine, car la ou nature

 


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deffault, l’en doit avoir recours a medecine comme dient Mesué et Gallien. Et, aidans doncques a nature, nous vuidons et purgeons lesd. superfluitez par industrie d’art, comme par saignees, comme nous parlerons cy-avant; item par vomissemens artificielz; par excercicez; par baings et escumes, nous nous purgerons; aussy aucuneffoiz par medecines laxatives qui adoulcissent et rendent moisteur au ventre sans tirer et par ce moien le laschent et ceste maniere est la plus seure; aucuneffoiz aussy, l’en se vuide par prendre plus fortes purgations, quant le cas le requiert.

Et doit l’en bien considerer qu’il est aucunes medecines par quoy on doit longuement dormir apres ce qu’on les a prinses, comme sont pillules. Item il en est aucunes sur lesquelles on ne doit comme point dormir, comme sont medecines foibles et debiles lesquelles on prent en decoctions ou bruvaiges coullez par ung drap; et aussy, c’est assavoir que quant on a prins medecine, on se doit incontinent reposer, car la medecine ne oeuvre jamais es humeurs jusques ad ce que la nature ait premier besongné et oeuvré en la medecine.

Et, pour tant incontinent qu’elle est prinse, l’en se doit reposer sans soy mouvoir, affin que nature la puisse esveiller et la faire ouvrer. Et, quant elle est en prouchaine disposicion de besongner, l’en se doit mouvoir lentement et pourmener tout beau sans soy travailler, et ne se doit l’en tenir en lieu trop chault ne trop froit. Et est ce que veult entendre Ypocras qui il dit qu’on doit mouvoir son corps si l’en veult faire besongner la medecine qui s’appelle des medecins elleborus et est une racine bien fort laxative et moult vehemente, et se nomme commu-

 


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-nement pate de lyon. Et quant ceste medecine commence a ouvrer, l’en ne doit point dormir jusques ad ce que il ait achevé son operation, car le dormir retient et empesche, comme dit Avicenne, toutes les evacuacions. Et de ce, doit estre entendu si nous n’avons aucun accident particulier qui nous contraigne de autrement faire.

Item, quant on a prins medecine, on ne doit mangier ne boire jusques ad ce que la medecine ait acomply son oeuvre, si touteffoiz l’en n’est de tant tendre nature et foible complexion que n’en ne puisse tant attendre a mangier, car telz ne sont point obligez a garder ceste regle, ains pevent mangier et boire aucune chose subtille, clere et stiptique qui conforte l’estomac et amaine la medecine aux partiez d’embas, comme est l’eaue d’un poullet bouilly avec surelle et barbarin.

Et nous povons congnoistre la medecine avoir accompli son ouvre quant nous veons que la matere fecal est d’autre couleur que la medecine et que aucunes humeurs se treuvent que la medecine de sa nature ne purge point, car lors c’est signe qu’elle a parfait son ouvre. Et pour tant, celuy qui est purgé puet lors mangier et prendre sa reffection. Le second signe pour ce savoir est quant appercevons que la medecine que l’en a prinse, se mect avec la matere fecal. Et lors, l’en puet bien mangier et boire. Le tiers signe par lequel l’en puet ce congnoistre, est quant l’en a soif et que l’en scet bien que ceste soif ne vient point de l’ardeur de la medecine pour ce qu’elle-mesmes n’est point chaulde; item que la soif ne vient pas de la nature des humeurs et qu’elles ne sont chauldes de leur condicion; que aussy ceste soif ne procede

 


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de la complexion de l’estomac, pour ce qu’il n’est point de complexion chaulde.

Quant l’en sant doncques que la medecine a bien besongné, il est convenable que l’en boyve aucune chose coulant, qui estaigne la soif et reprime la medecine. Et, une heure apres ceste tisane prinse, l’en doit mangier aucune bonne viande et saine. Et est bon ce jour, soy abstenir de tous fruitz fraitz qui laschent, comme prunes ou figues fresches et mesmement quant ces fruitz sont cheuz. Et, si l’en doubte estre trop fort purgié, l’en doyt avoir recours a la doctrine de Mesué, au chapitre ou il enseigne les remedes quant la medecine lasche excessivement.

Et ce tant pou souffise avoir esté dit de la maniere que l’en doit garder en prenant purgation et ne mettons pas icy le receptes desd. purgations, car elles se doyvent varier et muer selon la diversité des complexions des personnes.